Emeutes de la faim.

Publié le par Beurk

Comme je le disais en introduction de mon précédent billet, on est souvent frappé par la vacuité et le peu d'intérêt des informations qui font les gros titres. Ces derniers temps, nous avons eu droit à la description des meurtres d'un tueur en série, aux disputes et chicaneries diverses au sein de la majorité, au récit de la vente d'une photo dénudée de madame Sarkozy, au feuilleton relatant le parcours de la flamme olympique, sans oublier le scandale d'une banderolle injurieuse brandie par des supporters imbéciles(pourquoi on s'indigne autant de ceci et pas des multiples incidents prédédant dans les stades, voilà qui me laisse perplexe).

Pourtant, au milieu de ce tintamarre médiatique, on trouve une véritable nouvelle d'importance: des émeutes de la faim ont lieu un peu partout dans le monde. Ce qui est frappant, c'est que cette information, qui concerne un drame mondial, semble surgir comme ça, sans raison, un peu comme le tsunami 2004 auquel elle est d'ailleurs comparée. Cette absence de mise en perspective est assez typique du fonctionnement de nos médias modernes où l'essentiel et l'accessoire sont mélés, et où les différents évènements semblent détachés les uns des autres et n'avoir que peu de liens entre eux.

Pourtant, si on prend un peu la peine d'aller chercher, par exemple dans les données de la FAO, on se rend compte que la hausse du prix des céréales(qui sont la base de l'alimentation humaine, rappelons-le à ceux qui se privent de pain "parce que cela fait grossir") a commencé depuis plusieurs mois:




Cette situation n'est donc pas un accident venu de nulle part mais le fruit d'une évolution. Les causes sont d'ailleurs connues: le développement des agro-carburants pèsent sur le production alimentaire, l'augmentation du prix des carburants impacte une agriculture toujours plus mécanisée, l'instabilité climatique rend les productions aléatoires, l'accès de millions d'habitants des pays émergents à un régime plus carné entraîne une hausse de la part des céréales destinées à la consommation animale, les fonds spéculatifs ont tendance à se reporter sur les matières premières depuis la crise financière. Ce qui est frappant, c'est que mis à part le dernier point, il me semble qu'on a là, un condensé d'un certain nombre de difficultés qui attendent notre monde dans les prochaines années.
 
La production de pétrole aura de plus en plus de mal à subvenir à la demande, cela, même l'agence internationale de l'énergie a fini par le reconnaître. Autrement dit la hausse du baril n'est pas un accident, et son impact sur les prix agricoles est là pour durer. Le changement climatique va lui, affecter de plus en plus les récoltes au cours des décennies qui viennent. Quant à l'élévation du niveau de vie dans de nombreuses parties du monde, elle vient souligner un fait connu depuis longtemps: le mode de consommation des riches de la planète n'est pas extensible à l'ensemble de la population.

Autrement dit, ce qui est de se jouer sous nos yeux, c'est peut-être bien l'entrée dans le vingt-et-unième siècle.

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B
C'est une fuite en avant alors même que le système croule de toute part : crise écologique, crise financière, crise alimentaire, crise énergétique et crise démocratique ... en fait tout es lié, notre société n'est pas viable et elle s'effondre, sauf qu'elle risque d'entraîner la planète avec elle. Mais tout le monde se comporte comme si rien ne se passait ou presque, on nous abreuve de faits divers et de petites bisbilles entre politiciens. Pendant que le bateau coule on se dispute pour savoir de quelle couleur repeindre le mât et sur la forme de la casquette du capitaine ! <br /> J'ai parfois l'impression de vivre dans un asile psychiatrique ou entourée de zombie ... trouver le moyen de sortir de là avant que le naufrage soit inéluctable n'est pas gagné.<br /> Amicalement
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